mardi 8 mars 2011
Paul de Greg Mottola
S'il y a bien deux acteurs pour incarner des geeks fans d'extraterrestres, ce sont bien évidemment Simon Pegg et Nick Frost. Les deux camarades n'ayant pas tourné ensemble depuis "Hot Fuzz" d'Edgar Wright, les fans attendaient forcément la réunion des deux énergumènes. Ajoutez à cela le réalisateur de "Supergrave" (dans lequel jouait Michael Cera et ses cheveux parfaits), Greg Mottola, et vous obtiendrez un projet plutôt alléchant et sympathique.
Graeme Willy et Clive Gollings, deux anglais amis depuis leur plus tendre enfance, ont un rêve en commun: celui de participer au Comic Con à San Diego, puis de traverser les Etats-Unis en camping car en passant par tous les endroits les plus emblématiques d'apparitions extraterrestres. Leur voyage entre potes va pourtant tourner au grand délire lorsqu'ils rencontrent Paul, un extraterrestre poursuivi par le gouvernement Américain, qui leur demande de l'aider à rentrer chez lui avant d'être retrouvé par le FBI. C'est le début d'un road trip qui changera leurs vies pour toujours...
Blindé de références toutes plus geek les unes que les autres (et vous savez que chez moi, ce qui est geek est bon à la base), "Paul" est l'exemple type du film qui aurait été parfait... Sous la direction d'Edgar Wright.
Difficile en effet de resister à comparer la performance de Pegg et Frost dans ce film avec celle des précédents.
Si le film commence à merveille, avec la visite du Comic Con, lieu rêvé pour tous ceux intéressés par les jeux vidéos, les comics et autres réjouissances(Pegg + Frost + Comic Con, c'était un peu un fantasme cinématographique pour moi), le petit développement du quotidien entre les deux héros, dès l'apparition de Paul, les choses se gâtent.
Non pas que l'animation du personnage soit ratée, elle est même impressionnante de réalisme au niveau graphique, et particulièrement au niveau du regard. Le problème principal du film vient en fait des gags, beaucoup trop lourds pour être réellement drôles. L'extraterrestre est beaucoup plus exaspérant qu'attachant, avec ses allusions constantes au sexe, à la drogue, et aux blagues plus que limites (Seth Rodgen, qui fait la voix originale, a apparemment beaucoup joué sur ce côté-là, et comme ça fait le deuxième film qu'il manipule à sa guise après "The Green Hornet", il faut avouer que ça commence à être agaçant).
Dès l'apparition du ET nouvelle génération, donc, les insultes en tout genre pleuvent, les clichés aussi, et ce qui aurait pû être pardonné à d'autres au niveau scénaristique ne peut tout simplement pas l'être lorsqu'on observe le travail précédent des deux compères.
Problème de réalisateur? Ou problème de pays tout simplement? L'humour Américain est différent de l'humour Anglais, et ce qui marche d'un côté de l'Atlantique ne marche pas forcément de l'autre. Ici, toute l'impression de parodie-hommage énormément présente dans "Shaun of the dead" et "Hot Fuzz", disparait pour rendre au final un film cliché, qui se moque plus de ses personnages d'ados attardés que de les rendre attachants.
Contrairement à ce qu'on peut lire dans les soi-disant magazines intellectuels, qui bien sûr se délectent en voyant le film, parlent d'une nouvelle preuve de l'hégémonie de la culture geek, "Paul" en est pourtant le contre exemple, et s'attarde plus à la rendre ridicule qu'à la rendre compréhensible aux yeux du public.
Il reste quand même difficile d'en vouloir à Pegg et Frost, car leur interprétation est juste, leurs mimiques toujours aussi drôles (le moment où ils essaient de regarder tout en ayant leurs lampes frontales est énorme), leur amitié toujours aussi apparente. (Oui, je suis incapable de dire uniquement du mal d'eux, ce sont quand même mes acteurs Anglais préférés, bordel)
De vraies têtes de winners, on peut le dire!
Un bon point également pour Jason Bateman, impeccable en agent du FBI coriace, et pour Bill Hader et Joe Lo Truglio, parfaits en duo de flics pathétiques.
"Paul" n'est donc pas du tout mauvais si l'on a en-dessous de 15 ans, mais devient tout de suite moins drôle et plus ennuyeux pour les plus âgés. Le film n'est pas une purge, est agréable à regarder, surtout grâce à ces multiples références et à ses acteurs, mais reste bien en dessous de ce que l'on avait pu espérer.
Pourtant, il faut quand même insister sur le bonheur de revoir les deux geeks les plus attachants de la planète ensembles sur grand écran, plus complices que jamais, et cela ne fait que renforcer l'attente de "World's End", le troisième épisode de la saga "Blood and Ice Cream Trilogy" écrite par Edgar Wright et Simon Pegg! Et là, je peux déjà vous le dire, ce sera énorme. ENORME.
(Vous l'aurez compris, avec toute l'admiration que je porte à Nick Frost et Simon Pegg, je ne peux vraiment pas vous conseiller de ne pas voir le film, car il reste quand même une comédie sympathique, mais si vous en avez l'occasion, regardez-le en version originale. La version française, lamentable, est encore plus absurde par le doublage de Paul réalisé par Philippe Manoeuvre. De quoi vous gâcher toute la séance.
Si le film vous déçoit, ou ne vous plait pas, n'hésitez pas à vous jeter sur "Shaun of the dead" et "Hot Fuzz", parce que ça, c'est du grand art, mes enfants. DU GRAND ART.)
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