dimanche 12 février 2012

Tucker and Dale vs Evil d'Eli Craig



Qui que quoi dont où comment? Tucker and Dale vs evil (rebaptisé de manière toujours plus ridicule par l'adaptation française "Tucker and Dale fightent le mal) a débarqué dans les cinémas français?
Comédie horrifique ayant fait le tour des festivals avec succès, obtenant peu à peu le statut de comédie culte, on peut enfin féliciter les distributeurs français d'avoir pris le risque de sortir ce gros délire sur les écrans.

Vous connaissez tous cette histoire: un groupe d'ados débiles, défoncés et peu pudiques, se font une virée en forêt. Le moment vient où il faut s'arrêter à une petite station service glauque pour acheter des bières, et le petit groupe rencontre alors quelques autochtones du coin. Chemises de bûcheron, barbes et casquettes moisies sont alors de rigueur. Le petit groupe reprend la route, prépare son campement dans une joie alcoolisée lorsque, autour du feu de camps habituel, le beau gosse de la bande raconte l'histoire d'un massacre ayant eu lieu 20 ans auparavant dans ce même endroit. Plans rapprochés sur les visages effrayés de la bande, qui se remettra très vite de sa trouille à l'idée de prendre un bon bain de minuit.

Pas besoin de vous raconter la suite, tant elle a été déclinée dans une fournée de films (bons ou mauvais): les fameux Vendredi 13, Délivrance, Massacre à la tronçonneuse et autres Détour Mortel (ils en sont au numéro 17 nan?), tous épinglés "Survival", ont joyeusement décortiqué tous les mécanismes de ce type de films d'horreur. Alors comment le premier film d'Eli Craig réussit-il à faire le buzz en présentant un modèle si éculé?

L'idée de Craig est donc toute simple. Au lieu de s'attacher à la bande crétins partie forniquer dans les bois, celui-ci préfère s'attacher aux deux bouseux de départ, Tucker and Dale, qui, une fois n'est pas coutume, n'ont strictement rien à reprocher à la bande de jeunes. On les découvre donc tranquillement sur le point de prendre des vacances, au calme, entre potes, quand, lors d'un quiproquo habilement trouvé, le groupe de jeunes va être persuadé qu'ils sont des psychopathes égarés à la recherche de nouvelles victimes.
Tous les clichés les plus célèbres se retrouvent donc inversés et plus la bande de cas soc cherchera à se défendre, plus les morts se succèdent. Tucker et Dale se persuadent que des jeunes se sont regroupés pour se suicider collectivement pendant que ces même jeunes cherchent un moyen de se débarrasser d'eux avant qu'ils ne les tuent!

Les références pleuvent alors à foison, constituant 1h20 de bonheur intense à tout fan de films d'horreur qui se respecte, les scènes sont plus burlesques les unes que les autres, tantôt (en vrai, j'ai 87 ans) comiques, tantôt adorables, avec ces deux lourdauds plus attendrissants que jamais, à la manière du duo qu'incarnaient Simon Pegg et Nick Frost dans Shaun of the dead. La complicité de Tyler Labine et Alan Tudyk crève l'écran et ils font désormais partie des duos les plus cool du cinéma.

Sous le couvert d'une comédie d'horreur fun et décalée, Eli Craig nous transmet aussi une vrai passion pour ses deux personnages principaux, avec une pointe de critique sociale pertinente, sur le regard superficiel de la société d'aujourd'hui. Avouez-le, qui auriez-vous tendance à croire dans une situation pareil? Le beau gosse coiffé à la Bieber ou les deux gros lourdauds avec un rire de psychopathe?

Malgré sa redondance au niveau du scenario, Tucker and Dale vs evil fait partie de ces comédies réjouissantes, qui se sert de ses modèles pour mieux les contourner, en pensant toujours à son public et à ses attentes, sans jamais se moquer de lui, pour lui donner envie de voir et revoir le film en boucle.
Le projet d'Eli Craig étant de décliner ses personnages dans une série de détournement du film de genre, on ne peut qu'être impatient à l'idée de revoir un jour ce duo improbable sur grand écran.

Tucker and Dale vs evil, c'est une comédie culte instantanée et ça vaut laaaaargement le coup d'oeil. Précipitez-vous si vous avez le bonheur d'avoir une séance près de chez vous.

samedi 21 janvier 2012

The Muppets de James Bobin




Enfin, The Muppets débarque... En Allemagne! Eh oui, malgré la mobilisation des fans français et le succès du film aux Etats-Unis (Rotten Tomatoes lui donnant un tahttp://www.blogger.com/img/blank.gifux de satisfaction de 96%), la France reste toujours à la traine niveau date de sortie. En sachant que la plupart des bons films actuels ne sortent chez nous qu'en dvd, il ne nous reste qu'à croiser les doigts pour que Disney France soit moins frileux et ose enfin nous distribuer le film sur grand écran (le pourquoi du comment? Je vous renvoie au très bon article de Chronique Disney sur le sujet ici: http://www.chroniquedisney.fr/grenier/billet102.htm).

Dans une société actuelle où les enfants ne voient que par les bidons de lessive beaufs de Michael Bay, par les suites de films plus grotesques les unes que les autres, bourrées d'effets spéciaux ridicules afin d'attirer tout chaland qui se respecte, The Muppets est exactement le remède que l'on attendait. On a rarement vu une plus grand déclaration d'amour à l'enfance que celle portée à l'écran par Jason Segel et Nicholas Stoller.

Le début du film nous apporte une bien triste nouvelle: Les Muppets ont éventé leur succès, sont devenus has been et le groupe joyeux s'est définitivement séparé. Un investisseur diabolique, Richman (Chris Cooper) veut profiter de l'occasion pour récupérer les anciens studios et les raser car ceux-ci cachent un puits de pétrole souterrain. Les Muppets ont donc quinze jours pour réunir dix millions de dollars pour sauver leur théâtre. Réunis par leur plus grand fan, Walter, aidé par ses amis Garry (Jason Segel) et Mary (Amy Adams), ils vont tenter de relever le défi malgré une grosse contrainte: est-il encore possible de divertir les familles par des blagues et des chansons lorsque le public s'est habitué à des programmes violents et crétins?

Au premier abord, le scénario est simple, parait trop bien pensant pour être véritablement honnête. Pourtant, le tout fonctionne de manière admirable, même sans particulièrement être connaisseur du monde des Muppets. Les personnages sont adorables et particulièrement bien écrits.
La relation entre Walter et Garry peut facilement être mise en parallèle avec celle qui unissait Andy et ses jouets dans Toy Story. Ils sont attachants car on peut se reconnaitre totalement en eux: le désir de ne pas grandir, de ne pas s'engager dans la vie active par peur de l'échec, qui ne les a pas connus? Amy Adams est quant à elle toute aussi rayonnante que dans "Il était une fois", c'est un vrai plaisir de la voir évoluer ici. Les nombreux cameos, tous plus jouissifs les uns que les autres, sont un vrai bonheur à voir (ma préférence allant à celui de la chanson "I am a man or a muppet", parce que The Big Bang Theory est une des séries les plus drôle du monde) (SI).
Mais la plus grande réussite réside dans le fait que ce ne sont pas les acteurs "réels" qui sont ici les plus importants, le point fort du succès du projet résidant dans l'esprit d'équipe des Muppets, qui doivent montrer à quel point ils ont besoin d'être tous ensemble pour trouver leur motivation et réussir.

Sous le couvert d'une comédie musicale gentillette (la bande originale étant par ailleurs tout aussi excellente que le reste du film), The Muppets est un véritable vent de fraîcheur dans l'industrie cinématographique familiale, renouveau qui n'avait pas été aussi agréable depuis... Raiponce (eh oui, encore du made in Disney, les enfants). Définitivement émouvant par sa volonté nostalgique de faire revenir le divertissement familial à son niveau d'excellence, le film vous donnera envie d'avoir à nouveau 8 ans, de chanter dans des costumes colorés, de rire aux blagues déjantées de Kermit et de tous ses amis, bref, de faire revenir l'enfant qui sommeille en vous.

Et si vous ne trouvez pas cette envie brillante, je ne peux plus rien faire pour vous à part croiser les doigts pour que cette joyeuse troupe débarque le plus vite possible en France au cinéma, puis en dvd.

Une parenthèse de légèreté et de bonheur comme celle-ci devrait inspirer tous les scénaristes et producteurs pour qu'ils relèvent le niveau médiocre de nos grands et petits écrans.

vendredi 13 janvier 2012

Sherlock Holmes 2: a Game of Shadows de Guy Ritchie



Comme je n'ai absolument pas tenu mon programme publié fin Novembre, j'ai décidé de vous poster une exclusivité, histoire de montrer que je suis une personne sérieuse (haha). Sherlock Holmes 2 étant sorti le 22 Décembre en Allemagne (ah le bonheur des décalages de dates de sortie...), et qu'il est quand même attendu assez impatiemment, l'occasion est plus que bonne.

Avec le premier film, Ritchie faisait un pari risqué. Toucher à un mythe de la littérature anglaise, en voulant le transformer en gros blockbuster, avec un Holmes d'origine Américaine plutôt célèbre pour ses frasques que pour son talent, il y avait de quoi craindre la catastrophe.
Pourtant, miracle, en voyant le film, on se rend compte que le mélange fonctionne à merveille. L'alchimie entre Robert Downey Jr et Jude Law est évidente, la psychologie du personnage principal est plutôt respectée, les décors impressionnats et le rythme assez entrainant pour que le spectateur passe un très bon moment sans s'arrêter sur les détails incohérents (une énième histoire d'amour Holmes/Adler, un très gros raccourci entre le Parlement et le Tower Bridge, le système d'ondes radio qui n'existait pas à l'époque), sans parler de la musique d'Hans Zimmer, toujours aussi envoûtante.
Tous les espoirs étaient donc permis pour le second volet dont la bande annonce promettait un cocktail d'action, des piques entre Holmes et Watson, une gitane enigmatique mais SURTOUT la rencontre avec Moriarty, l'ennemi numéro 1 du détective.

Malheureusement, l'espoir n'est que de courte durée. Malgré une introduction plutôt réussie où l'on retrouve Robert Downey Jr au sommet de sa forme, cabotinant plus que jamais, et une Irène Adler attachante, la suite ne parvient jamais à la hauteur du premier épisode.
Ritchie s'est donné pour guide de reprendre tout ce qui avait fonctionné précédemment mais en les accentuant de manière beaucoup trop forte. Les personnages ne deviennent que des caricatures grossières. Ainsi, la relation Holmes/Watson est tellement accentuée sur le côté "gay" qu'elle en devient agaçante. Quant au détective, on nous le présente de façon tellement ridicule qu'il n'aspire plus aucun respect. Où sont les déductions impressionnantes, le côté sociopathe ou même le violon ou la cocaïne (eh oui)? Holmes n'est plus qu'un bouffon qui se déguise pour faire rire le public, jamais brillant, jamais attachant. On ne peut nier la bonne volonté de Robert Downey Jr à vouloir créer un personnage de blockbuster crédible, son plaisir à jouer Holmes étant évident à l'écran, mais ce que lui et Ritchie n'ont visiblement pas compris, c'est que Holmes n'est pas destiné à vouloir être populaire.

Il n'est cependant pas le seul personnage à être ruiné dans cet épisode puisque Watson est lui aussi réduit au clown de service, qui ne sait plus faire que boire et danser avec autant de grâce qu'un poulpe. Jude Law et Noomi Rapace, forment les deux seconds rôles pratiquement transparents tant leur inutilité est visible, particulièrement pour la deuxième. La présence d'un personnage féminin est apparemment obligatoire à l'affiche de ce type de film pour marcher mais ce n'est certainement pas avec ce rôle insipide qu'elle montre une autre facette de son talent après les Millenium. L'irrespect des personnages atteint son apogée avec Mycroft Holmes (Stephen Fry), qui passe plus de temps nu qu'à montrer qu'il est un asocial et éminent membre du gouvernement anglais mais surtout le Professeur Moriarty (Jared Harris), complétement ridicule et jamais crédible. Sans aucun charisme, l'acteur ne parvient jamais à montrer la froideur et la réflexion nécessaire au personnage. Sa confrontation finale avec Holmes est largement décevante tant elle est basique, facile et prévisible.


"Eh Holmsy, on se fait une partie de "je te tiens, tu me tiens par la barbichette?""


En massacrant ses personnages, en ruinant son scénario qui ne devait contenir que 5 pages vu le développement de l'histoire (mais quel est le fil conducteur d'ailleurs? Ah oui, il n'y en a pas, ce n'est qu'un gros mélange de fausses intrigues avec un fond prétendument intellectuel), en remplissant son film d'explosions et d'effets spéciaux en tout genre, Ritchie a définitivement raté son but. Le renouveau sympathique du premier se transforme en marasme beauf et vulgaire, jamais palpitant, jamais proprement rythmé.

Certes, la complicité entre Law et Downey Jr reste présente, les décors/costumes toujours autant travaillés et la musique de Zimmer envoûtante par son intonation slave, mais le fond de l'histoire est plus blockbuster que Holmes. Ceux qui n'ont pas lu les livres apprécieront quand même, ceux qui les ont lu auront le droit de sortir avec un air affligé.


Ritchie, tu as ruiné le mythe Sherlock, voilà ce que je te réserve.


Malheureusement pour Ritchie, la série "Sherlock" de la BBC a débarqué entre temps. Avec des personnages extrêmement fidèles, des acteurs brillants et des aventures de Holmes magnifiquement adaptées et filmées malgré leur modernisation, c'est la vraie réussite en matière d'adaptation. Tournez vous plutôt vers celle-ci que vers ce blockbuster médiocre, qui n'a de "Sherlock Holmes" que le nom.

Désolée Mr Ritchie, mais n'est pas Steven Moffat et Mark Gatiss qui veut...


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