jeudi 18 mars 2010

La Rafle de Roselyn Bosch



"1942. Joseph a onze ans. Et ce matin de juin, il doit aller à l'école, une étoile Jaune cousue sur sa poitrine..."


La Rafle est un film particulièrement difficile à critiquer. Premièrement parce que j'ai peur de manquer d'objectivité, étant donné que j'ai pleuré tout le long du film (Record personnel battu!) et deuxièmement parce qu'il touche à un côté douloureux de l'histoire française.

Roselyne Bosch a voulu réaliser un film à but pédagogique et a parfaitement réussi son pari. Plus de deux ans de recherches ont été nécessaires pour reconstituer les faits, qui généralement ne prennent pas plus de 10/20 lignes dans les livres d'histoire, dont le témoignage de Joseph Weisman, qui s'est échappé du camp de Pithiviers lorsqu'il avait 11 ans.


Alors oui, on peut toujours critiquer un certain manque d'objectivité du film, surtout au niveau des personnages. Comment ne pas se laisser embarquer par l'histoire quand on nous la présente par les yeux d'enfants tous plus mignons les uns que les autres? (Mention Spéciale pour Nono, j'ai eu envie de l'adopter, ce qui est quand même un sentiment que j'éprouve rarement en voyant un enfant, il faut le dire) Oui, on joue avec nos sentiments vis à vis de ce gosse (et son ours en peluche), surtout à la fin, oui, on choisit la facilité dans le scénario en nous montrant d'abord les joyeuses scènes familiales avant la dureté des scènes de "rafle", oui, on nous offusque en montrant Hitler qui mange du gateau à la montagne pendant ce temps-là sans éprouver le moindre remord mais en même temps, vous pensez vraiment qu'à l'époque, le gouvernement français se mordait les doigts de ce qu'il faisait?

Impossible de ne pas ressentir de la honte et du dégoût, en particulier pour les scènes entre les militaires, qui se félicitent d'avoir réussi à emmener les enfants avec leurs familles. (Well done les gars, c'est vrai que c'est du bon boulot!)
(A noter: la Shoah n'a été reconnue en France qu'en 1995 par Jacques Chirac, ça n'ajoute pas un sentiment de bonne conscience en sortant de la séance)

Le casting prestigieux affiché tient ses promesses, mais que alors que dire de la prestation de Mélanie Laurent qui est tout simplement parfaite. Elle incarne Annette Monod, une infirmière tout juste diplômée, appelée en renfort pour aider au Vél D'Hiv, puis au camp, qui va essayer de se révolter contre les conditions de vie lamentables des déportés et c'est la première fois depuis "Je vais bien ne t'en fais pas" qu'on retrouve autant d'émotions et de sincérité dans son jeu, elle est bouleversante du début à la fin du film.
Pour les autres personnages, on sent l'implication véritable des acteurs derrière chaque scène, même Gad Elmaleh est presque crédible, c'est dire! (On peut d'ailleurs se demander si le film n'aurait pas été encore plus touchant avec des acteurs moins connus du grand public, mais c'est un autre débat)


Malgré les quelques critiques que l'on peut trouver, ce film est une véritable claque. Les faits sont remarquablement reconstitués, c'est émouvant, déchirant, sans tomber dans une atmosphère larmoyante et ça a le mérite de montrer qu'il n'y a pas que les Allemands concernés par les actes révoltants commis pendant la Seconde Guerre Mondiale (ce que les Français ont souvent tendance à oublier).

Il est toujours facile de dire "ouais c'est la mode du devoir de mémoire", "encore un film sur la déportation qui veut faire pleurer dans les chaumières", mais c'est en voyant ce film que l'on comprend pourquoi il est important de ne pas oublier les événements qui se sont passés pour ne pas les reproduire.
Un film nécessaire, à voir absolument.

1 commentaire:

  1. Bon ok, j'étais partie dans l'esprit "Non je ne veux pas voir ce film, je boycotte la tristesse", mais devant tant de conviction, je ne peux que céder. J'irai voir ce film.

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