vendredi 13 janvier 2012

Sherlock Holmes 2: a Game of Shadows de Guy Ritchie



Comme je n'ai absolument pas tenu mon programme publié fin Novembre, j'ai décidé de vous poster une exclusivité, histoire de montrer que je suis une personne sérieuse (haha). Sherlock Holmes 2 étant sorti le 22 Décembre en Allemagne (ah le bonheur des décalages de dates de sortie...), et qu'il est quand même attendu assez impatiemment, l'occasion est plus que bonne.

Avec le premier film, Ritchie faisait un pari risqué. Toucher à un mythe de la littérature anglaise, en voulant le transformer en gros blockbuster, avec un Holmes d'origine Américaine plutôt célèbre pour ses frasques que pour son talent, il y avait de quoi craindre la catastrophe.
Pourtant, miracle, en voyant le film, on se rend compte que le mélange fonctionne à merveille. L'alchimie entre Robert Downey Jr et Jude Law est évidente, la psychologie du personnage principal est plutôt respectée, les décors impressionnats et le rythme assez entrainant pour que le spectateur passe un très bon moment sans s'arrêter sur les détails incohérents (une énième histoire d'amour Holmes/Adler, un très gros raccourci entre le Parlement et le Tower Bridge, le système d'ondes radio qui n'existait pas à l'époque), sans parler de la musique d'Hans Zimmer, toujours aussi envoûtante.
Tous les espoirs étaient donc permis pour le second volet dont la bande annonce promettait un cocktail d'action, des piques entre Holmes et Watson, une gitane enigmatique mais SURTOUT la rencontre avec Moriarty, l'ennemi numéro 1 du détective.

Malheureusement, l'espoir n'est que de courte durée. Malgré une introduction plutôt réussie où l'on retrouve Robert Downey Jr au sommet de sa forme, cabotinant plus que jamais, et une Irène Adler attachante, la suite ne parvient jamais à la hauteur du premier épisode.
Ritchie s'est donné pour guide de reprendre tout ce qui avait fonctionné précédemment mais en les accentuant de manière beaucoup trop forte. Les personnages ne deviennent que des caricatures grossières. Ainsi, la relation Holmes/Watson est tellement accentuée sur le côté "gay" qu'elle en devient agaçante. Quant au détective, on nous le présente de façon tellement ridicule qu'il n'aspire plus aucun respect. Où sont les déductions impressionnantes, le côté sociopathe ou même le violon ou la cocaïne (eh oui)? Holmes n'est plus qu'un bouffon qui se déguise pour faire rire le public, jamais brillant, jamais attachant. On ne peut nier la bonne volonté de Robert Downey Jr à vouloir créer un personnage de blockbuster crédible, son plaisir à jouer Holmes étant évident à l'écran, mais ce que lui et Ritchie n'ont visiblement pas compris, c'est que Holmes n'est pas destiné à vouloir être populaire.

Il n'est cependant pas le seul personnage à être ruiné dans cet épisode puisque Watson est lui aussi réduit au clown de service, qui ne sait plus faire que boire et danser avec autant de grâce qu'un poulpe. Jude Law et Noomi Rapace, forment les deux seconds rôles pratiquement transparents tant leur inutilité est visible, particulièrement pour la deuxième. La présence d'un personnage féminin est apparemment obligatoire à l'affiche de ce type de film pour marcher mais ce n'est certainement pas avec ce rôle insipide qu'elle montre une autre facette de son talent après les Millenium. L'irrespect des personnages atteint son apogée avec Mycroft Holmes (Stephen Fry), qui passe plus de temps nu qu'à montrer qu'il est un asocial et éminent membre du gouvernement anglais mais surtout le Professeur Moriarty (Jared Harris), complétement ridicule et jamais crédible. Sans aucun charisme, l'acteur ne parvient jamais à montrer la froideur et la réflexion nécessaire au personnage. Sa confrontation finale avec Holmes est largement décevante tant elle est basique, facile et prévisible.


"Eh Holmsy, on se fait une partie de "je te tiens, tu me tiens par la barbichette?""


En massacrant ses personnages, en ruinant son scénario qui ne devait contenir que 5 pages vu le développement de l'histoire (mais quel est le fil conducteur d'ailleurs? Ah oui, il n'y en a pas, ce n'est qu'un gros mélange de fausses intrigues avec un fond prétendument intellectuel), en remplissant son film d'explosions et d'effets spéciaux en tout genre, Ritchie a définitivement raté son but. Le renouveau sympathique du premier se transforme en marasme beauf et vulgaire, jamais palpitant, jamais proprement rythmé.

Certes, la complicité entre Law et Downey Jr reste présente, les décors/costumes toujours autant travaillés et la musique de Zimmer envoûtante par son intonation slave, mais le fond de l'histoire est plus blockbuster que Holmes. Ceux qui n'ont pas lu les livres apprécieront quand même, ceux qui les ont lu auront le droit de sortir avec un air affligé.


Ritchie, tu as ruiné le mythe Sherlock, voilà ce que je te réserve.


Malheureusement pour Ritchie, la série "Sherlock" de la BBC a débarqué entre temps. Avec des personnages extrêmement fidèles, des acteurs brillants et des aventures de Holmes magnifiquement adaptées et filmées malgré leur modernisation, c'est la vraie réussite en matière d'adaptation. Tournez vous plutôt vers celle-ci que vers ce blockbuster médiocre, qui n'a de "Sherlock Holmes" que le nom.

Désolée Mr Ritchie, mais n'est pas Steven Moffat et Mark Gatiss qui veut...


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3 commentaires:

  1. ah enfin de retour ! on attendait tes commentaires depuis longtemps ! et moi qui suit une fan de sherlock me voilà bien dubitative !

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  2. Le but de Ritchie n'a jamais été de donner une adaptation fidèle, mais c'est vrai que le voir faire n'importe quoi à un niveau de débilité pareil, posera vraiment problème à ceux qui aiment l'atmosphère posé de Conan Doyle.
    On dirait un copié-collé des Trois Mousquetaires 3D d'Anderson tellement c'est grotesque.

    Les amateurs de gros bidons de lessive qui tachent apprécieront certainement mais pour ceux qui espéraient trouver une modernisation originale comme le premier Sherlock Holmes de Ritchie (ou une adaptation qui ne foire pas tout son propos), c'est pas du tout la suite qui va les rassurer ; )
    Je me répète, autant se tourner vers la série, l'une des meilleures actuelles. (toutes les meilleures séries viennent presque toutes du côté des Britanniques)

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  3. Du thé empoisonné Nanny ?!

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