mardi 25 janvier 2011

Revues du mois de Janvier

Comme je suis à la bourre dans mes critiques, et que la seule semaine de Janvier où des avants-premières intéressantes étaient organisées, j'ai eu le bonheur d'avoir la grippe, je me rattrape avec quelques critiques courtes, des films que j'ai vu, qui ne sont pas tous forcément mauvais, mais qui ne me donnent quand même pas envie de les défendre sur 100 lignes.




On commence par le très attendu "The Green Hornet" de Michel Gondry, oui, oui "The Green Hornet" en VF, parce que "Le Frelon Vert", ça aurait été moins vendeur. (On traduit "The Hangover" par "Very Bad Trip" mais on garde "The Green Hornet", je tenais juste à le signaler)

Après la mort de son père, Britt Reid (Seth Rogen), plus habitué à faire la fête qu'à diriger un journal, se rend compte que son héritage va lui donner la possibilité de trouver un sens à sa vie et s'associe avec l'un des employés de son père, Kato (Jay Chou), pour lutter contre le crime.

"The Green Hornet", enfin un film à gros budget qui s'assume comme tel.
On peut le voir avec ses potes, autour d'une pizza et de bières. C'est drôle, fun, on ne s'ennuie pas une minute et les effets spéciaux sont plutôt réussis, sans qu'on nous rejoue le coup du film faussement intelligent. Ici, pas de réelle introspection du héros après la perte de son père, il veut juste latter du mafioso.
Les acteurs sont plutôt bons (sauf Cameron Diaz mais ce n'est pas une découverte), Jay Chou déchire sa race, ça fait toujours plaisir de voir un caméo de James Franco et la bande originale colle à merveille avec le rythme du film.

Seul regret? Pas de réelle prises de risque de la part d'un Gondry bridé par Seth Rogen, plus porté sur la comédie que la poésie.






Love et autres drogues d'Edward Zwick.

New York, années 90. Jamie (Jake Gyllenhaal) utilise le charme qu'il possède pour devenir commercial dans une entreprise de médicaments. Son boulot? Vendre le plus possible d'antidépresseurs, puis de viagra. Mais hélas, son charme ne marche pas sur Maggie (Anne Hathaway), une jeune artiste qui refuse de s'engager car elle possède un terrible secret (pause pour le suspense): elle est atteinte de la maladie de Parkinson et refuse de faire des projets qu'elle pourrait ne pas réaliser un jour.

Ouh que c'est mauvais, mauvais, mauvais. Si l'on pouvait espérer une comédie romantique qui changerait les codes du genre, en y introduisant une maladie chronique, les espoirs restent vains.

C'est long, prévisible, et même pas drôle, le seul point positif étant de voir Jake Gyllenhaal nu toutes les cinq minutes (messieurs, soyez rassurés, Anne Hathaway en fait de même), on se demande même à la fin si l'on ne voit pas plus ses fesses que son visage à l'écran (quoique, vu comment il joue, sur le coup, c'est peut-être pas plus mal).
Zwick voudrait dénoncer le business de l'industrie pharmaceutique, ainsi que la difficulté de vivre avec quelqu'un de malade, et échoue lamentablement.
Dommage, car avec "Going The Distance", la comédie romantique de septembre, on pouvait penser qu'un renouveau se faisait sentir, dans ce genre si éculé.
Eh bien, non, merci, bonsoir. (Et c'est pas avec "Sex Friends" que ça va aller mieux)

Alors si l'on arrive même plus à rigoler un peu et passer du bon temps devant ce genre de plaisirs coupables, où va le monde, je vous le demande.





Last Night de Massy Tadjedin.


Joanna (Keira Knightley) et Michael (Sam Worthington) sont deux bobos New Yorkais amoureux qui s'aiment d'amour. Mais voilà, qu'un soir, lors d'une soirée de travail, Joanna s'aperçoit que Michael est particulièrement intéressé par sa collègue de travail aux formes généreuses, Laura (Eva Mendès). Horreur, malheur, l'homme part le lendemain en déplacement professionnel avec la sexy damoiselle. Pendant ce temps, Joanna retrouve par hasard Alex (Guillaume Canet), l'ancien amour de sa vie.
Nuit de tous les dangers pour le couple. Que va-t-il se passer? L'un des deux va-t-il succomber? Suspense...


Si "Last Night" tente de marcher dans les traces de "Closer", il ne parvient jamais à retrouver sa profondeur caractéristique, et surtout, l'érotisme de sa mise en scène.

Pourtant, le début, lors du cocktail de travail, laisse entrevoir la possibilité d'une étude réelle sur les problèmes de couple. Les différents enjeux sont en place, les traits de caractère des personnages principaux esquissés, une attente est définitivement mise en place.
Et c'est lors du départ de Michael que tout s'effondre. Au lieu de nous développer une réelle problématique, en jouant sur le côté sensuel des relations entre les deux nouveaux couples, Massy Tadjedin préfère se tourner vers une mise en scène plus réfléchie mais qui devient également plus froide. Impossible alors de s'identifier aux personnages, trop compliqués pour certains, et beaucoup trop simples pour d'autres.
Si Keira Knightley illumine chaque scène où elle apparait, le reste du casting est trop peu présent pour avoir sa chance. Sam Worthington est un vilain mari qui veut tromper sa femme (dans le genre ultra féministe et moralisateur, le film est un must), Eva Mendes a de belles fesses et Guillaume Canet n'a pratiquement qu'une seule expression faciale durant une heure et quarante-cinq minutes.

Difficile alors de s'intéresser réellement à l'histoire, où la seule question qui nous vient en tête est "EST-CE QUE VOUS ALLEZ PECHO OUI OU NON?".
Dommage, car les bases du scénario, plutôt séduisantes, se retrouvent rapidement embourbées dans un développement frigide et des dialogues interminables.

La solution pour le spectateur? Abandonner cet essai raté et regarder à nouveau "Closer". Le scénario est meilleur, les acteurs aussi, et en plus, il y a du sexe.
Que demander de plus?






Rien à Déclarer de Dany Boon.

1er Janvier 1993 et passage à l'Europe pour deux postes de douaniers franco-belges. Ruben Vandevoorde (Benoît Poelvoorde), douanier qui ne supporte pas les "non-belges" va devoir travailler en équipe avec un Français, Mathias Ducatel (Dany Boon). Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que ce dernier est aussi l'amant de sa soeur et qu'il a l'attention de l'épouser...

Il est toujours un peu facile de cracher sur Dany Boon, et bien sûr, les critiques s'en donnent à coeur joie lorsqu'il s'agit d'enterrer les bonnes vieilles comédies françaises.
Bien sûr, "Rien à Déclarer" n'est pas un chef d'oeuvre, n'est pas un film très réfléchi, mais après tout, quand on achète une place pour ce genre de films, on sait très bien ce que l'on va voir à la base. Il est toujours amusant de lire des critiques se plaindre des gags parfois (même beaucoup ici) lourds, et peu recherchés. MAIS LES MECS, on est pas chez Judd Apatow, réveillez-vous!

Les acteurs ne sont pas si mal, le duo Karine Viard et François Damiens fonctionne, même si l'on a connu notre François L'Embrouille plus en forme dans "Dikkenek" et "L'Arnacoeur", et Benoit Poelvoorde était le seul à pouvoir assumer le rôle d'un tel emmerdeur. Le seul vrai bémol revenant à Julie Bernard, la soeur de Vandevoorde, qui ne parvient jamais à suivre le reste de ses interlocuteurs.

Si l'on garde en tête que "Rien à Déclarer" est une comédie sympathique, accessible à toute la famille, avec un goût pour l'absurde et le grotesque que le réalisateur est le seul à utiliser actuellement, le but est parfaitement atteint, avec une sincérité toujours aussi présente que dans les films précédents.

En effet, il est assez rare de voir des films que toute la famille, du plus petit au plus âgé, peut apprécier, et s'il faut que ce genre de films soient emmenés par Dany Boon, autant accepter sans trop rechigner.

Certes, il est toujours un peu douloureux de voir le public passer à côté de petits bijoux comme "Black Swan" ou "Le Discours d'un roi" mais ça vaut peut-être toujours mieux qu'un rejet en bloc du "septième art".

vendredi 14 janvier 2011

Black Swan de Darren Aronofsky



Après un mois de Décembre plutôt pauvre en sorties intéressantes, cette année 2011 s'avére particulièrement intéressante. Elle l'est encore plus quand elle débute par une claque visuelle monumentale, une réussite tellement impressionnante qu'elle sera difficile à dépasser par la suite.
Après "The Wrestler" et la résurrection de Mickey Rourke, Aronofsky nous montre un deuxième combat physique personnel, celui de la danse classique. Si certains pensent que les deux milieux sont différents, ils se révélent plutôt semblables dans l'aspect psychologique et physique de ces personnes, prêtes à se transcender pour leurs arts respectifs.

Ce dépassement de soi est justement le thème principal de "Black Swan". Jusqu'où peut-on aller pour atteindre la perfection? Un film sur une discipline aussi exigeante que le ballet était l'occasion unique de développer ce thème.


Nina (Natalie Portman) est danseuse au New York City Ballet et vient tout juste d'être choisie comme danseuse principale du célèbre "Le Lac des Cygnes". Troublée par son professeur, Thomas (Vincent Cassel), elle va bientôt rencontrer la séduisante Lily (Mila Kunis). Son chorégraphe lui reprochant son manque de sensualité pour le rôle d'Odile, le cygne noir, Nina va être poussée à l'extrême pour se découvrir, afin de ne pas abandonner le rôle sa rivale.


Rivalités, folie, persécution, une exigence telle qu'elle pousse à la folie, les thèmes sont multiples mais tous aussi frappants les uns que les autres.
"Black Swan" envoûte par sa mise en scène serrée, au plus près des acteurs, afin de recueillir leurs émotions les plus intimes. L'innocente Nina, va devoir se surpasser pour réussir à interpréter deux des rôles les plus opposés qui existent en supportant une mère omniprésente, sa frustration sexuelle et son physique malmené, les remarques de son professeur, la rivalité avec Lily,rien que ça.
Cette quête de la perfection va l'emmener dans une introspection destructrice, une transformation dont elle pourrait ne pas ressortir indemne. Tantôt (en vrai, j'ai 85 ans) fragile et vulnérable, tantôt mystérieuse et inquiétante, le jeu entre les deux personnages va tellement loin que le spectateur, pris dans la toile, ne pourra en sortir qu'au bout du final majestueux et époustouflant. Un final qui vous prend aux tripes, vous donne les larmes aux yeux tant il est puissant et exceptionnel. Car si le film touche autant, c'est grâce à la réorchestration magistrale de la musique de Tchaïkovsky mais aussi grâce à la maitrise impressionnante du réalisateur lors de chaque scène. Ne vous attendez pas à voir le ballet en entier, son choix et de rester au plus près des acteurs, pour montrer la véritable performance et non ce qu'elle parait vue du public. Plus que l'étude de la folie, c'est véritablement l'étude de la recherche de la perfection qui est sous-entendue ici.

Cette étude du dépassement, tellement brutal dans un art aussi poussé et difficile que le ballet, est appuyée par l'interprétation de Natalie Portman, époustouflante, qui nous donne ici le meilleur rôle qu'elle ait tenu depuis bien longtemps. Sa préparation intensive, est véritablement impressionnante, car elle n'est presque pas doublée dans les scènes de danse. Son entrainement ayant débuté un an avant le tournage, avec plus de cinq heures d'entrainement par jour, on ne pouvait qu'espérer une performance à la hauteur de son talent, définitivement dévoilé au grand jour, après les réussites "Closer" et "V pour Vendetta". La duplicité de son personnage, est exploitée dans un crescendo impressionnant, jusqu'à la représentation, qui réunit toutes les identités qu'elle peut avoir: est-elle toujours Nina, sa jumelle maléfique, le cygne blanc, le cygne noir ou tout à la fois? Les nombreuses utilisations des miroirs sont judicieuses et ne cessent de questionner le spectateur sur la véritable identité du personnage principal.



Mais dites donc Monsieur, c'est une petite allusion à notre cher Dario Argento, ça non?


Le reste du casting est impeccable lui aussi, avec une Mila Kunis, qui fait du Mila Kunis, et ici, ça lui réussit relativement bien. Son personnage de Lily est sensuel (j'en connais qui vont apprécier une certaine scène entre elle et Madame Portman), troublant et effrayant à la fois, un parfait cygne noir en l'occurence dont la rivalité est utilisée par le chorégraphe, Thomas, pour arriver à ses fins. Parfait dans ce rôle de manipulateur, Vincent Cassel ne surjoue pas (fait assez rare pour être signalé), et devient de plus en plus glaçant au fil de l'action.

Cauchemardesque, délicieusement noir, envoûtant, dément, "Black Swan" entraine son public dans un tourbillon d'émotions dont il n'est pas prêt de se remettre. Une réussite exceptionnelle, qui dépasse de loin celles de l'année dernière, tellement elle est puissante et possédante, et magnifiée par ce final d'une intensité épuisante.

A la sortie, une seule impression: la perfection que Nina voulait atteindre en dansant (la désormais phrase culte "I was perfect"), Darren Aranofsky l'a atteinte avec ce chef d'oeuvre.



(Et en bonus, l'affiche Japonaise, qui est plus que magnifique elle aussi)

mercredi 12 janvier 2011

Somewhere de Sofia Coppola



Sacré Lion D'Or à la dernière Mostra de Venise, "Somewhere" était LE film le plus attendu de ce début janvier. On cessait de nous répéter partout qu'il était le film le plus abouti de la réalisatrice. Le plus abouti peut-être, mais surtout le plus chiant.
Oublié le charme de "Lost In Translation" ou de "Marie-Antoinette". En reprenant un sujet qu'elle a mainte fois (Trop?) développé, Sofia Coppola se caricature et finalement, perd tout intérêt.

Le scénario? Simplifié à l'extrême.

Johnny Marco (le revenant Stephen Dorff), acteur à la mode, vit au célèbre Château Marmont à Los Angeles. Plutôt porté sur l'alcool et les femmes, il va devoir revoir ses priorités lorsqu'il doit s'occuper de sa fille de 11 ans, Cleo (Elle Fanning).

Autobiographie, désir de révéler au monde la relation chaotique qu'elle a entretenu avec son père? La question est finalement inutile, autant que le fait de chercher une trace de scénario. Ce n'est pas que le film est mal réalisé, on peut sentir la maitrise remarquable dont la réalisatrice fait preuve tout au long du film, le travail qui réside dans chaque plan, et même les sentiments qu'elle a voulu faire passer.
Encore une fois, elle prend un personnage pour nous montrer l'ennui qu'il ressent dans sa vie. La fois de trop? Certaines scènes paraissent se répéter au fil de ses films, par exemple le problème de la langue transposé en Italie au lieu du Japon. Si le personnage s'ennuie, le spectateur peut tout à fait le comprendre... Il lui arrive exactement la même chose! Si l'intention de la réalisatrice était de nous montrer ce qu'était l'ennui, le vrai, alors elle a parfaitement réussi, car il ne se passe strictement rien.

Certes, les acteurs sont fantastiques. Stephen Dorff est parfait en acteur désabusé, Elle Fanning, LA révélation (décidément, cette famille assure), est rayonnante, mais cela ne suffit pas à donner du rythme aux scènes, qui se succèdent sans jamais trouver un dynamisme.
La photographie, gérée par Harris Savides ("Elephant", "Zodiac") est encore une fois magnifique (on retiendra la scène de la piscine, la plus emblématique du film), la bande originale, signée comme à l'habitude par Phoenix, est en accord parfait avec la relation qu'entretiennent les deux protagonistes.

Tout semble réuni pour passer un bon moment mais hélas, le scénario, beaucoup trop faible, ne contient pas la petite étincelle qui faisait réfléchir, et rendait le spectateur profondément marqué, comme dans les films précédents.
Il était difficile de se remettre de "The Virgin Suicides", tant le film était chargé de mélancolie, il est difficile de se remettre de "Somewhere", car on a l'impression d'avoir fait une sieste d'1h30.

Si la réalisation est impeccable, "Somewhere" déçoit par sa faiblesse scénaristique. L'année où un certain Quentin Tarantino préside la Mostra, on peut se demander pourquoi avoir récompensé un film aussi ennuyeux alors qu'il a l'habitude des films percutants.
Encore un signe de favoritisme? Une énième déception cinématographique camouflée par les différents festivals? On commence malheureusement à être habitués...