vendredi 14 janvier 2011

Black Swan de Darren Aronofsky



Après un mois de Décembre plutôt pauvre en sorties intéressantes, cette année 2011 s'avére particulièrement intéressante. Elle l'est encore plus quand elle débute par une claque visuelle monumentale, une réussite tellement impressionnante qu'elle sera difficile à dépasser par la suite.
Après "The Wrestler" et la résurrection de Mickey Rourke, Aronofsky nous montre un deuxième combat physique personnel, celui de la danse classique. Si certains pensent que les deux milieux sont différents, ils se révélent plutôt semblables dans l'aspect psychologique et physique de ces personnes, prêtes à se transcender pour leurs arts respectifs.

Ce dépassement de soi est justement le thème principal de "Black Swan". Jusqu'où peut-on aller pour atteindre la perfection? Un film sur une discipline aussi exigeante que le ballet était l'occasion unique de développer ce thème.


Nina (Natalie Portman) est danseuse au New York City Ballet et vient tout juste d'être choisie comme danseuse principale du célèbre "Le Lac des Cygnes". Troublée par son professeur, Thomas (Vincent Cassel), elle va bientôt rencontrer la séduisante Lily (Mila Kunis). Son chorégraphe lui reprochant son manque de sensualité pour le rôle d'Odile, le cygne noir, Nina va être poussée à l'extrême pour se découvrir, afin de ne pas abandonner le rôle sa rivale.


Rivalités, folie, persécution, une exigence telle qu'elle pousse à la folie, les thèmes sont multiples mais tous aussi frappants les uns que les autres.
"Black Swan" envoûte par sa mise en scène serrée, au plus près des acteurs, afin de recueillir leurs émotions les plus intimes. L'innocente Nina, va devoir se surpasser pour réussir à interpréter deux des rôles les plus opposés qui existent en supportant une mère omniprésente, sa frustration sexuelle et son physique malmené, les remarques de son professeur, la rivalité avec Lily,rien que ça.
Cette quête de la perfection va l'emmener dans une introspection destructrice, une transformation dont elle pourrait ne pas ressortir indemne. Tantôt (en vrai, j'ai 85 ans) fragile et vulnérable, tantôt mystérieuse et inquiétante, le jeu entre les deux personnages va tellement loin que le spectateur, pris dans la toile, ne pourra en sortir qu'au bout du final majestueux et époustouflant. Un final qui vous prend aux tripes, vous donne les larmes aux yeux tant il est puissant et exceptionnel. Car si le film touche autant, c'est grâce à la réorchestration magistrale de la musique de Tchaïkovsky mais aussi grâce à la maitrise impressionnante du réalisateur lors de chaque scène. Ne vous attendez pas à voir le ballet en entier, son choix et de rester au plus près des acteurs, pour montrer la véritable performance et non ce qu'elle parait vue du public. Plus que l'étude de la folie, c'est véritablement l'étude de la recherche de la perfection qui est sous-entendue ici.

Cette étude du dépassement, tellement brutal dans un art aussi poussé et difficile que le ballet, est appuyée par l'interprétation de Natalie Portman, époustouflante, qui nous donne ici le meilleur rôle qu'elle ait tenu depuis bien longtemps. Sa préparation intensive, est véritablement impressionnante, car elle n'est presque pas doublée dans les scènes de danse. Son entrainement ayant débuté un an avant le tournage, avec plus de cinq heures d'entrainement par jour, on ne pouvait qu'espérer une performance à la hauteur de son talent, définitivement dévoilé au grand jour, après les réussites "Closer" et "V pour Vendetta". La duplicité de son personnage, est exploitée dans un crescendo impressionnant, jusqu'à la représentation, qui réunit toutes les identités qu'elle peut avoir: est-elle toujours Nina, sa jumelle maléfique, le cygne blanc, le cygne noir ou tout à la fois? Les nombreuses utilisations des miroirs sont judicieuses et ne cessent de questionner le spectateur sur la véritable identité du personnage principal.



Mais dites donc Monsieur, c'est une petite allusion à notre cher Dario Argento, ça non?


Le reste du casting est impeccable lui aussi, avec une Mila Kunis, qui fait du Mila Kunis, et ici, ça lui réussit relativement bien. Son personnage de Lily est sensuel (j'en connais qui vont apprécier une certaine scène entre elle et Madame Portman), troublant et effrayant à la fois, un parfait cygne noir en l'occurence dont la rivalité est utilisée par le chorégraphe, Thomas, pour arriver à ses fins. Parfait dans ce rôle de manipulateur, Vincent Cassel ne surjoue pas (fait assez rare pour être signalé), et devient de plus en plus glaçant au fil de l'action.

Cauchemardesque, délicieusement noir, envoûtant, dément, "Black Swan" entraine son public dans un tourbillon d'émotions dont il n'est pas prêt de se remettre. Une réussite exceptionnelle, qui dépasse de loin celles de l'année dernière, tellement elle est puissante et possédante, et magnifiée par ce final d'une intensité épuisante.

A la sortie, une seule impression: la perfection que Nina voulait atteindre en dansant (la désormais phrase culte "I was perfect"), Darren Aranofsky l'a atteinte avec ce chef d'oeuvre.



(Et en bonus, l'affiche Japonaise, qui est plus que magnifique elle aussi)

4 commentaires:

  1. Une anonyme qui a des convictions16 janvier 2011 à 18:11

    Et ben moi, juste pour la référence à V pour Vendetta, je n'irai pas le voir, VOILA.

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  2. Dis plutôt que tu flippes de le voir, c'est tout!

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  3. Vu hier, j'ai trouvé le film bon mais loin du chef d'œuvre que je m'attendais à voir.
    Portman est impressionante mais j'ai trouvé Cassel assez mauvais. Certains personnages sont trop caricaturés notamment le mère poule castratrice. Donc plutôt déçu même si il reste largement au dessus de la majorité des films qui sortent en salle ces jours-ci ( exceptés les excelleeennnnts 127 hours et True Grit ).

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  4. Ah j'ai pas encore vu True Grit et 127 hours, mais là, ça me donne envie de les voir encore plus!
    J'ai trouvé Cassel pas trop mal, sauf quand il jure en français pendant la représentation,on sait pas trop d'où ça sort, ça casse un peu le rythme (surtout que les 20 dernières minutes, elles envoient sévère, donc c'est un peu dommage d'ajouter un moment soi disant comique, qui au final ne l'est pas du tout)
    Certains moments sont très caricaturaux, les différentes "sursauts" du spectateur sont largement attendus, mais j'ai trouvé qu'il y avait une ambiance mystérieuse autour du film, et je crois qu'au final, c'est ça qui plait le plus, et qui prend le dessus sur la réelle qualité du film. Bon, j'ai adoré, mais je comprends que d'autres personnes soient déçues (en plus, comme tout le monde en parle comme du film de l'année, on s'attend à un truc assez énorme)

    Après, le mois de février est lourd en grosses sorties, avec The King's Speech, 127 Hours, Tron, tout ça, on a le temps de pouvoir le comparer aux autres (parce que si on le compare aux films français hein, on va pas chercher très loin)

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