jeudi 23 septembre 2010

The Runaways de Floria Sigismondi



"I LOVE ROCK'N'ROLL, SO PUT ANOTHER DIME IN THE JUKEBOX BABY, I LOVE ROCK'N'ROLL, SO COME AND TAKE YOUR TIME AND DANCE WITH ME", suivi du son de la guitare qu'on a tous un jour ou l'autre mimé, cela vous dit quelque chose j'espère. Même pas une envie de faire péter la veste en cuir, les combis moulantes et le maquillage plein la figure?
Et si je vous dis "I DON'T GIVE A DAMN ABOUT MY BAD REPUTATION. YOU'RE LIVING IN THE PAST, IT'S A NEW GENERATION"?
Si ça ne fait toujours pas tilt dans votre tête, il est temps de vous inquiéter. Pour les autres, vous aurez reconnu les "tubes" du groupe Joan Jett and the Blackhearts. Mais voilà, comment la légende Joan Jett est-elle devenue Joan Jett? En se plantant avec un premier groupe, comme beaucoup.

Mais revenons-en à nos moutons et imaginez le tableau: Los Angeles en 1975, le premier groupe de rock féminin était sur le point de se former. Joan Jett et Cherie Currie , deux adolescentes, se rencontrent et vont bientôt former le groupe "The Runaways". Après une formidable ascension grâce à leur chanson "Cherry Bomb" (CH CH CH CH CH CHERRY BOOOOOMB hum pardon.), elles vont se rendre compte qu'être un star du rock comporte aussi des inconvénients. Pourtant, elles auront ouvert la voie à des milliers de filles.

La plus grande peur du film n'était pas forcément si le biopic allait être fidèle, puisque Joan Jett elle-même était aux manettes, mais la prestation de Kristen Stewart. Allait-elle garder l'expression monofaciale de Twilight? Ou allait-elle nous épater avec un jeu époustouflant?
Ni l'un ni l'autre, je vous rassure mais il faut reconnaitre que pour une fois, elle est dans le thème. C'est peut-être facile, puisqu'elle a toujours un look très masculin, parfois même carrément crado, et puis après tout, son personnage n'est pas très émotif, mais elle n'est pas si horrible qu'on aurait pu le penser. On sent que son rôle lui plait et qu'elle s'implique dans l'histoire. Comme quoi un miracle est toujours possible.

La demoiselle nous fait donc le plaisir de jouer, pour une fois, hélas elle ne pourra jamais dépasser Dakota Fanning, exceptionnelle dans le film. On l'a toujours su, elle est une des grandes stars du cinéma d'aujourd'hui, mais ici, elle est littéralement bluffante. Son charisme est impressionnant et dépasse de loin celui de tous les autres acteurs du film. Elle incarne mieux que quiconque cette ado (oui, car les deux protagonistes avaient 15 ans à l'époque, l'âge de Dakota lors du tournage) qui accède à la gloire et à ses tourments, la drogue, l'alcool, et dont la chute ne sera que plus dure pour elle, qui a toujours voulu être célèbre.



"Mais puisque je vous dis qu'elle a 15 ans là!"


Un père alcoolique, une mère absente, une soeur qui travaille pour payer les factures, on comprend pourquoi elle a voulu échapper à tout ça par n'importe quel moyen.

Là où Floria Sigismondi réussit son pari, c'est qu'en abordant le quotidien d'un groupe de rock'n'roll version filles, elle n'oublie pas le thème sous-jacent: elles n'étaient pas que filles qui ne pensaient qu'à boire et à se défoncer, elles étaient tout d'abord des ados.
C'est particulièrement flagrant avec le personnage de Cherie, celui qui évolue le plus tout au long du film. La première image est d'ailleurs celle où elle a ses règles, où elle devient une "vraie femme", comme le dit si bien le copain de sa soeur. Elle entame une évolution qui ne se terminera qu'à la chute du groupe, par sa faute. Les problèmes familiaux, identitaires (qui la font se peinturlurer le visage comme David Bowie), sexuels (puisque les deux musiciennes ont été ensemble pendant lâ réussite du groupe) sont ceux que rencontrent les ados de toutes les générations.

Si l'on y ajoute une bande originale explosive, dont la plupart des chansons ont été enregistrées par les actrices elles-même, qui donne envie de sauter partout en chantant à tue-tête, et des images très travaillées, puisque Floria Sigismondi est d'abord une réalisatrice de clip, on obtient un bon biopic musical, simple et efficace, avec de l'énergie à revendre.

Malgré le peu de succès de l'autre côté de l'Atlantique (les Américains seraient-ils fachés de voir Kristen Stewart s'encanailler?), une ode au féminisme et au rock à ne pas rater.

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