samedi 25 septembre 2010

Simon Werner a disparu... de Fabrice Gobert



Le cinéma français est souvent tellement mauvais qu'on ne remarque pas quand un film intéressant sort, et c'est exactement ce qui se passe avec "Simon Werner a disparu...".
Des acteurs méconnus du grand public, pour certains débutants, un titre pas forcément très inspirant et un premier essai pour Fabrice Gobert suffit pour être éclipsé par les grosses productions américaines telle que "Mange, prie, aime" ou "Resident Evil 4". C'est sûr que Julia en sari ou Milla en short donnent plus envie qu'un film sur des ados dans les années 90...

Mars 92, dans une petite ville de la région parisienne, Simon Werner, élève de terminale, manque à l'appel. Fugue, meurtre, suicide?
Ses camarades sont les premiers à supposer les événements les plus horribles quand, quelques jours plus tard, une autre lycéenne, sans aucun lien avec Simon, disparait. Le lendemain, un troisième élève, toujours de la même classe, ne donne plus de nouvelles. Les rumeurs vont bon train jusqu'à ce que 15 jours après la première disparition, lors d'une soirée un peu trop arrosée, deux ados découvrent un cadavre dans la forêt qui borde la ville...

Oscillant entre thriller et film qui décortique les adolescents, "Simon Werner a disparu..." pourrait être assimilé à du David Lynch. L'image de cette banlieue où tout est terne, oppressée par cette épaisse forêt, pourtant l'histoire attrape le spectateur et ne le relâche qu'aux toutes dernières images du film. Le scénario étant construit à l'envers (on découvre le cadavre d'une personne, sans savoir qui c'est, puis les événements sont reconstruits selon quatre personnages différents), c'est un parti pris original que nous développe Fabrice Gobert et qui permet de s'attacher aux personnages tout en donnant envie de connaitre ce qu'il s'est passé pour que trois élèves d'une même classe disparaissent.

Le fait de jouer avec le spectateur en lui donnant de plus en plus de détails tout en lui ajoutant des hypothèses, est servi par le jeu des acteurs, remarquablement juste. Ana Girardot, magnifique dans son rôle de la plus belle fille du lycée et ex-petite amie du disparu, posséde un charisme trop rare chez les jeunes actrices françaises d'aujourd'hui. Autre surprise, celle de Jules Pelissier, qui joue Simon, le premier personnage "analysé" par la caméra de Gobert. (Comment, son nom ne vous dit rien? Sans déc? Et si je vous dis, "Jules de la Nouvelle Star 2008"? Mon coeur de midinette s'est emballé quand je l'ai revu, faut dire que c'est la seule année où j'étais accro à la Nouvelle Star because of Benjamin Siksou, en tout cas, c'est bien lui, pour son deuxième film après "Bus Palladium" de Christopher Thompson)
(Non, je ne suis pas une groupie)



(MAIS SI, C'EST LUI, avec ses gros sourcils et tout!!)


Si les deux premiers portraits sont justes, le troisième, celui du personnage de "Rabier" est celui qui est le plus émouvant. Appelé uniquement par son nom de famille, ce qui pose dès le départ les marques du personnage, souffre-douleur de ses camarades, sa solitude est véritablement bien interprétée par Arthur Mazet. Il reste le personnage le plus émouvant du film, en démontrant bien la cruauté des adolescents face aux autres.

Difficile de rebondir après une partie aussi bien travaillée, ainsi la fin peut être vue comme décevante, dans un schéma du "Tout ça pour ça?". On aurait aimé quelque chose de plus surprenant, qui aurait décortiqué encore un peu plus ce groupe de lycéens, pas si éloignés de la réalité.

Porté par la musique des Sonic Youth, "Simon Werner a disparu..." séduit par ses partis pris de mise en scène, ses personnages qui se croisent et qui finalement, se complètent. Peut-être que s'il avait situé son scénario à une autre période, le ressenti aurait été différent, moins efficace. Cette petite ville, en bordure de forêts, isolée du reste, avec des détails des années 90 remarquablement reconstitués, au niveau du look comme au niveau de la technologie (pas de portables, pas de facebook/msn) donne un intérêt presque mystique aux événements qui s'y déroulent.
A la manière de ces lycéens, on se fait prendre au piège et on crée nous-même notre film.


Un premier essai prometteur donc, il ne reste qu'à attendre pour voir si les prochains films seront aussi bons. En attendant, allez voir "Simon Werner a disparu..." avant qu'il ne disparaisse de nos écrans (haha).

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