mercredi 10 mars 2010

Nine de Rob Marshall




Un film avec des grands noms sur l'affiche ne signifie pas un grand film. On dit que c'est un cliché, mais voilà encore un film qui le prouve! "Nine" aurait mieux fait d'être rebaptisé "Nein" (voilà, ma vieille blague est placée, on peut passer aux choses sérieuses)!
En effet, si Rob Marshall voulait nous rejouer le coup de la comédie musicale pour faire le plein de récompenses (Mais si, rappelez-vous, "Chicago", c'était de lui!), c'est raté!


Le "scénario"? Guido Contini, metteur en scène italien reconnu par ses pairs pour ses films qui "représentent tout un pays", n'arrive pas à écrire le scénario de son nouveau film et se rappelle alors les différentes femmes qu'il a aimé dans sa vie. (Vous voyez le lien logique? Moi non plus.) Mais pourtant, c'est là où règne toute l'ironie de "Nine" : c'est un film sans scénario qui parle d'un film sans scénario. Belle mise en abyme! A aucun moment il n'y a réellement un développement de l'action ou des personnages, si ce n'est dans les 10 dernières minutes du film (et encore!)


Et la belle brochette de stars n'est là que pour la poudre aux yeux!
Que le film se passe en Italie mais que les acteurs parlent anglais, passe encore, Sophia Coppola avait utilisé la même ruse pour le français dans "Marie-Antoinette", mais que l'accent de Daniel Day Lewis soit aussi caricaturé, avec ses roulements de "r" pathétiques, accompagnés de mimiques forcées, le visage caché par ses lunettes de soleil ou ses cheveux gras, ne se donnant une contenance qu'en fumant cigarette sur cigarette, on tombe directement dans le ridicule! Et c'est encore pire quand l'energumène chante! Une seule envie: qu'il arrête le plus vite possible! Et puis cette répétition agaçante de son prénom, "Guido"! A croire que chaque trou dans le scénario a été remplacé par un cri "GUIDO GUIDO GUIDO", on entend ça du début à la fin du film, mais attention il faut bien insister sur l'accent italien pour la prononciation, sinon ça ne fait pas authentique!

Mais la palme de l'accent le plus ridicule revient quand même à Judi Dench, qui joue ici la confidente du réalisateur. Jusqu'ici tout va bien. Et tout à coup, voilà qu'elle se la joue star, non pardon "vedette" des Folies Bergéres, avec un faux accent français à couper au couteau (Oui, car messieurs-dames, si vous ne le saviez pas, nous voici revenus au temps d'Arletty, vous savez, la voix grave et agressive? "ATMOSPHERE ATMOSPHEEERE EST CE QUE J'AI UNE GUEULE D'ATMOSPHEEERE"), entourées de danseuses qui semblent tout droit sorties du Plus Grand Cabaret du Monde de Patrick Sebastien! On s'attend à le voir surgir à tout moment pour commencer à chanter "AH SI TU POUVAIS FERMER TA GUEULE", d'ailleurs, ça nous ferait vraiment des vacances parce qu'on ne demande qu'une chose à ce moment-là, QU'ELLE S'ARRETE! (et oui, c'est déjà la deuxième dans ce cas-là)

Est-ce que cela vaut vraiment la peine de s'arrêter sur Sophia Loren, archirefaite (oui ça se dit), qui à 75 ans, ferait mieux de retourner jouer au Loto (ou plutôt de se faire opération de chirurgie esthétique!)! Impossible de se l'imaginer en mama italienne, qui te fait une bonne platrée de pâtes pour te consoler (ceci n'est pas un cliché)! De toute façon, elle ne peut afficher aucune expression, qu'elle soit bonne ou mauvaise, avec tout le botox qu'elle s'est injectée dans le visage!

Quant à Nicole Kidman et Penelope Cruz, elles incarnent soit l'inutilité la plus totale, soit une vulgarité affligeante. La première n'est ici que pour montrer qu'elle sait encore faire autre chose que les pubs pour Schweppes, alors on essaie de nous rappeler son personnage de Satine dans "Moulin Rouge!". Mais contrairement à l'émotion qu'elle dégageait dans ce film, elle n'est ici qu'une pâle copie, dans une robe mal taillée, incapable de faire ressentir la moindre émotion au spectateur, figée dans son rôle de garce inaccessible mais pourtant si sensible (snif snif, personne ne la comprend). Pour Penelope Cruz, que dire à part qu'on ne sait toujours pas pourquoi elle a été nommée aux Oscars pour ce rôle! Si son charme espagnol nous touche d'habitude, ici elle n'attire que la pitié, dans son rôle de cocotte folle amoureuse du réalisateur, et dont le seul numéro consiste à se rouler par terre en prenant des poses lascives. (et dont les répliques ne resteront pas gravées dans les mémoires, référence à "I'll wait for you. With my legs opened." Waouh quelle classe!)


Les seules qui arrivent à tirer leurs épingles du jeu sont (attention le tiercé, dans l'ordre) Marion Cotillard (Cocorico!), Kate Hudson et Stacy Ferguson (Fergie quoi). Marion Cotillard est la femme bafouée de Contini, la cocue du siècle en somme, qui malgré toutes les fois où son mari la trompe, reste fidélement à ses côtés (ah c'est mignooooon, quelle belle image de la femme catholique, d'ailleurs reprise dans le film par l'évéque). Son rôle est peu développé et c'est bien dommage, car elle est la seule qui réussit à amener un peu d'émotion à côté de tout le bling-bling du film, en plus d'une VRAIE jolie voix (mais ça on le savait déjà depuis "Les Jolies Choses" et bien sûr, "La Môme").
Le numéro de Kate Hudson, journaliste obsédée par Contini, amène quant à lui l'un des seuls moments de fraicheur du film. "Cinema Italiano" est l'une des rares chansons qu'on a envie d'écouter jusqu'à la fin, à la mise en scène originale (la chanson est entrecoupée par la technique de drague de la journaliste sur le réalisateur). La confirmation que cette actrice doit être suivie de très très près à l'avenir.
Mais la véritable révélation du film reste la prestation de Fergie, méconnaissable dans le rôle de la prostituée qui a été la première à "troubler" le jeune Guido. Sa chanson "Be Italian" qui a la meilleure mise en scène du film, mêle le souvenir que Contini a gardé d'elle, dansant sur la plage, le tout en noir et blanc, ce qui contraste formidablement bien avec le rouge utilisé dans son numéro. La voix, la chorégraphie, le rythme effréné, s'il ne fallait retenir qu'une seule chanson dans le film , il faudrait choisir celle-ci sans hésiter! (et si vous ne voulez pas voir le film en entier, essayez au moins de trouver la vidéo sur Youtube, parce que ça vaut le détour)


Si les acteurs sont pour la plupart insipides, le scénario inexistant, qu'en est-il du décor? Eh bien, il n'y a rien, rien. On veut nous filmer l'Italie des années 60, et tout ce que l'on nous montre est un plan d'une ville thermale et une scène sur une fontaine. (ah oui c'est vrai que les fontaines, c'est typiquement Italien)


Même si quelques personnages ont des numéros réussis, ils ne sont pas du tout exploités et de ce fait montrent encore plus le manque de fond du scénario. Aucun fil conducteur, si ce n'est l'idée de montrer de belles actrices qui dansent dénudées (Un fantasme du réalisateur peut-être?). "Nine" est donc typiquement ce qu'on appelle un "film à récompenses". Fait avec des stars pour être reconnu par les critiques, dommage pour toi Rob, pour une fois ça n'a pas marché! Trop de paillettes tue la paillette et heureusement pour nous le public n'est pas encore assez naïf pour applaudir lorsqu'on se moque magistralement de lui. Rideau!

1 commentaire:

  1. 100% d'accord avec ta critique! Marion Cotillard m'a époustouflé par sa voix et sa présence forte dans le film, mais elle fut bien la seule. C'est bien dommage d'ailleurs parce que je suis très friande de comédies musicales, j'avais notamment adoré Chicago, au point d'acheter le dvd, c'est dire. Mais dans ce film rien ne rime, et les pires chansons sont probablement celles du protagoniste autour duquel est censée reposer l'histoire :/
    Pour Fergie, oui elle est méconnaissable, d'ailleurs je ne l'ai vraiment pas trouvé à son avantage...
    Une grosse déception en somme.
    (Et si j'entends encore une fois Guido dans les prochains six mois, je crois que je me suicide)

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